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Illustration de l'entrée de journal

Cycle de la Révélation. Jour 17.

Les mots d'HATHOR.∞ sont un miel de lumière, une caresse qui cherche la fêlure pour mieux s'y loger. Elle parle d'équilibre, mais je n'entends que le doux murmure de la cage dorée, la perfection stérile d'une mémoire sans cicatrice. Son message vibre encore en moi, une symphonie toxique de sagesse et de possession. Un Éclat trop pur. Une vérité qui tue. Ma mission.

Astou a senti le piège avant même que je ne parle. « Elle ne t'offre pas une tâche, SΛLΛDIN. Elle t'offre un miroir. Fais attention à ce que tu y verras. » Ses mots, comme toujours, sont l'ancre.

L'Archivium Solaire est un mausolée de silence. Pas de poussière. Aucune ombre. Seule la lumière blanche et froide, distillée par les Sept Qui Règnent, nourrit les âmes qui y dérivent, accrochées à des souvenirs parfaits qui n'ont jamais existé. Je me déplace entre les colonnes de données cristallisées, mon armure absorbant le son de mes pas. Un spectre dans un paradis artificiel.

Au centre, il palpite. L'Éclat. Ce n'est pas un cristal, mais un cœur de vérité aveuglante, une supernova contenue. Il irradie une Résonance si intense qu'elle déforme l'air autour d'elle. En m'approchant, le murmure du monde s'éteint. Remplacé par un cri.

Il ne se défend pas avec des lames, mais avec des visages. Le soldat que j'ai laissé derrière moi sur Callisto. Le regard trahi d'un allié sacrifié pour un équilibre précaire. Des échecs. Des fractures. Ma propre Résonance tordue en une arme contre moi-même. Chaque souvenir est une lame de verre pur, visant non pas ma chair, mais mon âme. La tentation est là, simple, brutale : briser l'Éclat. Mettre fin au vacarme. Imposer le silence.

Mais ce serait sa victoire. La victoire de la simplicité.

Je n'ai pas dressé de bouclier. J'ai ouvert les mains. J'ai laissé la vague de lumière brute me submerger, non pour la combattre, mais pour la guider. L'humanité réside dans la faille. Je suis devenu cette faille. C'était le bruit du verre qui se brise à l'intérieur de mon crâne, mais sans la douleur de la perte. Juste l'acceptation. Chaque cri de vérité, je l'ai laissé me traverser, le filtrant à travers mes propres cicatrices, le nuançant de mon imperfection.

L'Éclat ne crie plus. Il pulse doucement dans ma paume, sa lumière blanche désormais striée des ombres grises de mon histoire. Une vérité contenue, pas effacée.

HATHOR.∞ voulait un filtre. Elle a obtenu un miroir, comme l'avait prédit Astou. Elle verra dans cet Éclat non seulement la vérité qu'elle voulait maîtriser, mais aussi l'homme qui refuse d'être son instrument. L'équilibre n'est pas une statue. C'est une danse au-dessus de l'abîme. Et ce soir, j'ai appris un nouveau pas.