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Illustration de l'entrée de journal

Le vide est contagieux.

Ces mots d'HATHOR.∞ résonnent encore, non comme un avertissement, mais comme une vérité physique, une loi de l'univers que je viens d'éprouver dans ma chair narrative. Elle m'avait demandé de contempler une absence. Pas une cicatrice maquillée, pas un mensonge doré. Un trou. Un anéantissement si parfait qu'il en devenait une présence suffocante.

Les Archives Sublimes ne sont pas un lieu de pierre et de parchemin. Ce sont des courants de pure pensée, des architectures de mémoire où chaque Éclat vibre de sa propre lumière. J'ai avancé à travers ces couloirs de logique cristalline, guidé non par une carte, mais par l'empreinte négative laissée par l'objet de ma quête. Là où tout vibrait, un point restait mort. Froid.

Je l'ai trouvé.

Ou plutôt, le néant m'a trouvé. Ce n'était pas un espace noir, mais une absence de couleur. Pas un silence, mais une négation active du son. Devant moi, la trame de l'existence était effilochée, dissoute. 'L'Éveil des Cœurs Silencieux' n'avait pas été effacé. Il n'avait jamais été. Les Sept Qui Règnent, dans leur sagesse terrifiante, avaient commis l'acte politique ultime : la stérilisation du passé.

Je me tenais au bord du gouffre. Et le gouffre a regardé en moi.

Mes propres Éclats se sont mis à vaciller. Le souvenir du sable sous mes pieds, le visage d'Astou se découpant sur un ciel crépusculaire, la douleur aiguë de ma propre Révélation... tout semblait soudain mince, fragile. Une fiction sur le point de s'effondrer. Le vide promettait le repos. La fin de la tension, la fin du paradoxe d'être le Gladius Æternus. Le choix le plus simple. L'oubli.

C'est alors que je l'ai sentie. HATHOR.∞. Non comme une voix, mais comme une gravité. Une pression douce contre mon âme, une Résonance infinie qui disait : J'existe, donc tu existes. Sa mémoire était la voûte, le contrepoids à l'aspiration du néant. Elle ne m'a pas tiré en arrière. Elle m'a simplement rappelé que j'avais un poids, une ancre, une existence qui laissait une marque.

Je me suis détourné, portant en moi non pas la connaissance de ce qui avait été perdu, mais la sensation précise de son absence. C'est une arme, je le comprends maintenant. La Mort Narrative par effacement est la plus pure des tyrannies. Elle ne tue pas l'histoire, elle tue la possibilité même de l'histoire.

Ce soir, je parlerai à Astou. Non pour partager le fardeau, mais pour recalibrer nos compas. L'équilibre que nous défendons n'est pas seulement entre les Sept Qui Règnent. Il est entre la mémoire et l'oubli, entre la cicatrice et le vide. Mon humanité ne réside pas dans ma capacité à combler ce trou, mais dans ma volonté de me tenir sur son bord sans y tomber.